Installé dans une forêt, j’aperçois un félin avançant majestueusement, les membres rondement déliés, et j’admire la vague de son échine. Il est tranquille, parait bouger sans entrave, son regard se promène mine de rien. Alors moi, pourquoi m’arrive t’il parfois d’avoir du mal à avancer et sentir ma cuirasse grincer et bloquer mes jointures ? D’où viennent nos raideurs et comment savoir si on est raide ? « Est-ce que si j’arrive à poser mes mains au sol, cela veut dire que je suis souple ? » C’est essentiel de savoir se regarder sans préjugés et avec du bon sens. Ce premier pas va vous permettre de comprendre les réactions de vos muscles. - Allongez-vous sur le sol, vos jambes sont dépliées, rapprochez vos 2 pieds, vos malléoles se touchent. « Que font vos genoux, votre dos ? - Est-ce difficile ? Et que font votre taille et votre nuque ? » - Repliez un peu vos genoux, puis reposez les sur le sol, vous pouvez ainsi observer comment le dessin de vos reins s’efface et parfois se creuse. En effet nos creux (les lordoses) se déplacent de façon très subtile, voyageant le long de notre musculature à grande vitesse. Ceci est dû aux raccourcissements de nos muscles postérieurs. Et lorsque nous essayons de les faire disparaitre ces creux et bien ils vont se réfugier ailleurs. Et cela se passe essentiellement dans notre dos, à l’abri des regards. Tout cela se fait de façon très discrète, et même les personnes cataloguées « hyperlaxes » sont en fait des sujets pris dans un étau musculaire qui tracte et déforme leurs articulations. Afin de brouiller les pistes notre système nerveux va s’arranger pour perturber nos sensations, nous rendre aveugles. Nous allons nous contorsionner pour avancer tant bien que mal, et ces manœuvres de substitution vont devenir difficiles à assumer. Desserrer les lanières : Ainsi les raideurs sont des mécanismes mis en place pour limiter la casse, pour nous empêcher d’avoir mal et il faudra constamment essayer de desserrer les lanières. Mais sachez que ce n’est pas parce que ça tire que ça étire. Ainsi lorsque l’on demande le pencher vers l’avant, ce n’est pas en posant les doigts sur les orteils que l’on allonge, car cela se fait grâce à de multiples tricheries et notamment le recul des fesses. Nous demandons au patient d’aller poser les paumes de mains sur le sol loin devant, de façon à ce que les fesses soient en avant des pieds. C’est la seule position qui nous permettra de quantifier la raideur. Les raideurs articulaires sont la conséquence des raideurs musculaires. Des idées erronées: On croit constamment que nous devons renforcer, fortifier nos muscles alors qu’ils sont responsables de nos raideurs. La faiblesse n’est pas là où nous la croyons, mais comment ne pas se sentir faibles dans un corps dont nous ne connaissons rien ? Et bien en utilisant nos sensations et en sachant nous regarder avec des yeux neufs.
1) Allongé sur le dos, les jambes sont allongées. Vous allez animer le paysage qui n’est pas figé. Rentrez votre menton et observez ce que font vos reins, puis poussez vos genoux vers l’arrière et à nouveau votre taille va s’animer… Plaquez votre taille au sol, votre nuque va se creuser. Observez combien les creux se déplacent de la nuque jusqu’aux pieds en passant par votre taille et les creux de vos genoux. 2) Allongé sur le dos muni d’une balle de tennis, observez la fesse la moins étalée sur le sol, vous allez glisser la balle sous cette fesse. Imaginez que l’air vient jusque dans cette balle, et chaque fois que vous soufflez vous écrasez la balle avec votre fesse (sans serrer les fesses). Vous avez besoin d’y mettre du ventre. Faites ce mouvement un certain temps…Puis vous enlevez la balle, attendez avant de rallonger vos 2 jambes. Quels sont vos appuis à droite maintenant ? est-ce que les 2 fesses sont mieux étalées sur le sol ? 3) Debout sur les 2 pieds comment sont-ils posés au sol ? et votre bras droit n’aurait-il pas lui aussi profité du mouvement ? Nos raideurs se trouvent toujours dans nos creux et parfois nos courbures s’accentuent car nous nous plissons, nous nous resserrons nous nous tassons. Diminuer les creux, se déplisser, vont immanquablement redonner de la souplesse à nos muscles et donc diminuer nos raideurs. Cette mobilité du regard est essentielle pour moi, c’est le début du travail. Nous ne pourrons envisager de correction qu’une fois le paysage balayé et nettoyé par des yeux neufs.